Dans une interview, Dorian, chanteur principal de Fuzeta, expliquait que son groupe se retrouvait parfois comparé à des groupes qu’il n’avait jamais écoutés.
Sur Deezer, lorsque l’on regarde leur section « artistes similaires », c’est la débandade. Last Train, Selah Sue et BRMC sont les premiers noms cités. Des artistes qui n’ont rien à voir entre eux, rien à voir avec Fuzeta.

Et pour cause, Fuzeta c’est une démarche, une histoire à raconter autour de laquelle s’articule une musique. Ça se passe dans cet ordre précis et pas l’inverse et ça explique pourquoi le groupe ne sonne pas forcément comme ses influences.

Tout droit venu de Vannes en Bretagne, Fuzeta se construit autour de trois frères, accompagné de leur pote à la batterie. Et le but, c’est de raconter leur histoire, leur enfance, de la narrer en musique. Le nom du groupe y fait référence, puisque Fuzeta est un village au Portugal dans lequel les membres ont passé beaucoup de temps durant leur jeunesse.

En 2015, ils sont « prêts » et s’inscrivent au prix Ricard S.A. Live Music. Et il s’avère qu’ils ne s’en sortent pas trop mal en le remportant.
Cela leur permet de sortir dans la foulée leur premier EP, Dive. Une réussite totale. Une oeuvre qui arrive à mêler des mélodies si agréables et si naturelles qu’on est tout de suite tenté de les qualifier de « pop ». Ce terme peut aujourd’hui avoir cette connotation un peu péjorative, de musique bateau et sans relief. Mais ici, si l’on tend un peu l’oreille, chaque ligne de chant, chaque arpège de guitare, possède sa propre personnalité, son propre propos.

L’aspect mélodique de l’EP n’est en fait qu’un décor, qui sert à mettre en scène l’ambivalence de ce que peuvent représenter les souvenirs. On a certes tendance à les idéaliser, mais ils possèdent leur part d’ombre et de doutes. Et ces sentiments flottent comme un nuage au-dessus des compositions des Vannetais.

Vocalement, cette dualité s’exprime dans la complémentarité des trois frères. Souvent, lors du couplet, la voix lead, seule, est empreinte de douceur et de vulnérabilité. Mais lorsque vient le refrain, les voix se superposent, créant une nouvelle entité, sûre de ses forces et dans laquelle toute vulnérabilité semble soudainement disparue. L’union fait la force ? Cette chorale fraternelle constitue le point d’orgue des morceaux, un climax qui naît de cette complicité, comme si les faiblesses individuelles n’avaient plus lieux d’être une fois mises en commun. Oui, comme le Megazord des Power Rangers.

L’année suivante sort Pavilhão Chinês, cinq morceaux qui sont dans la continuité de Dive, en développant toutefois un petit peu plus le coté sombre de notre affaire. Des riffs plus tortueux (« Pavilhão Chinês», « Canopy »), des guitares plus saturées (« Fall’s Playground », « Canopy »)

Et après le coté obscur, vient le coté clair puisqu’en 2018 paraît What We’ve Drawn. Difficile de savoir à quel point cet avis est influencé par la pochette, mais cet EP semble le plus à même d’accompagner les joyeuses journées d’été. On se laisse volontiers dandiner de la tête au rythme de ces feel good songs et leurs refrains scandés, tel un hymne au « tout finira par aller bien »
A noter, la première apparition dans la discographie du groupe de la guitare acoustique sur le morceau final « Summer Calls Like Symphony », et sa progression lancinante et si rassurante.


Aujourd’hui, après « Wandering Life », qui semble plus pencher du coté des deux premiers albums, Fuzeta sort un nouveau single, « Marla Loves You » qui fait apparaître une facette du groupe qu’on ne connaissait pas encore avec un son plus Alt-Rock.
En espérant que ces singles soient les teasers d’un nouvel album !


Finalement, si à l’écoute de Fuzeta on est aisément tenté de comparer leur musique à d’autres, c’est parce qu’ils ont réussi à écrire des morceaux simples à écouter tout en étant chargés de sens. Des chansons qui peuvent tous nous ramener à quelque chose qu’on connaît.