For fans of : The Soviet Space Programme, Omega Massif, Brusque, Russian Circles
Sorti le 31 janvier 2020, Akrhipov est le second album du duo de post-métal parisien Dragunov formé par Seb (Guitare) et Tristan (Batterie), il fait suite à l’excellent Korolev, sorti en 2018.
Si Arkhhipov est sorti quelques semaine avant la pandémie qui secoue la planète, il en est également la bande son parfaite. L’album est étouffant, sombre et parfaitement dystopique, les 7 titres instrumentaux s’écoutent d’une traite et ne laisse aucun répits à l’auditeur. On ressort d’Arkhipov comme on ressort d’un hiver nucléaire un peu trop long : épuisé, les joues creusées, la peau rougit par les radiations et avec la ferme idée que l’optimisme est passible de la peine capital.
Musicalement l’album plaira aux aficionados de kicks diablement précis, de riffs monolithiques et de production massive (mention spéciale au mix de Raphael Bovey). Outre l’aspect technique, c’est par l’ambiance incroyablement immersive qu’Arkhipov brille de mille radiums. Le duo nous plonge la tête la première dans un univers soviétique qui ravira les fans de Chernobyl, de Sovietwave et de Metro 2033. Le résultat est admirable pour un duo.
Avec leur utilisation du rouge, leurs masques à gaz, leurs samples en russe et leurs nombreuses références à une époque où le monde était séparé en deux par un mur, Dragunov, nous transporte dans les heures les plus anxiogènes de la guerre froide.
Cette obsession pour cette sombre, mais palpitante période de l’histoire se retrouve, également dans les titres des morceaux, ces derniers faisant presque tous références à la Russie. Par exemple, les titres Kolesnikov’s letter et 65-76 font références au naufrage d’un navire russe, le K-141Koursk. Le morceau Ledokol Somov est la combinaison de Mikhail Somov, un explorateur arctique Russe et de Ledokol, un film inspiré de ses expéditions. Finalement le titre B-59 correspond aux sous-marins nucléaires impliqués dans la crise des missiles de Cuba. De quoi ravir les fans d’easter egg made in URSS. L’album quant à lui porte le nom du marin soviétique Vassili Arkhipov, qui par sa lucidité évita une troisième guerre mondiale.
Puissant, immersif, référencé et incroyablement prenant, Arkhipov est un des meilleurs albums d’après-métal parisien. Bien que la musique de Dragunov ait pour objectif de nous plonger dans le passé, elle résonne bien mieux au présent. On ne peut que s’en inquiéter.