Quand notre pays de naissance et celui où on réside nous abandonne, il ne reste plus grand-chose à espérer.

Notre existence s’évapore

La réalité se fade laissant place à des miroirs sales

Reflet d’un abandon dont les traces sont indélébiles

On est comme marqué au fer rouge par le crime du départ.

Car partir c’est choisir de disparaitre

Alors qui est vraiment celui qui abandonne ?

Vouloir revenir est probablement la forme d’intrusion la plus abjecte qui soit

C’est le refus de voir son visage s’effacer

C’est imposer un second deuil

À ceux qui essayent d’enterrer leurs souvenirs

Si les autres disparaissent de nos esprits

On se doit également de laisser place à des pensées plus utiles

Le voyage c’est une condamnation à mort

L’exécuté s’attachant lui-même au poteau

En revanche quand les nations vous oublient

Le procès semble interminable

Difficile de juger celui qui n’est plus là

Pourtant

Les écrans ne peuvent pas remplir les vides laissés

Et l’écho des mots de revenir à leurs interlocuteurs.

Il serait préférable de nous euthanasier directement

Nous laisser le moindre espoir est une torture ignoble

Aussi violente qu’un retour

Aussi lâche qu’un départ