Début 2019, Brusque sortait sa première démo de deux titres. Un petit bijou de désespoir, d’amertume et de spontanéité, le tout soutenu par d’excellentes prestations live, nous laissant impatients d’en entendre plus. Après un an d’attente, on a enfin pu poser nos oreilles sur leur premier EP What’s Hidden Devours.

En l’espace de cinq titres, Brusque assombrit encore son univers, et propose à qui veut bien l’écouter une visite guidée de leurs idées noires. Le duo nous proposant un éternel retour dans les pires recoins de la psyché humaine. Dès les premières minutes de What’s Hidden Devours, la production de Duff Rodriguez pose un décor angoissant et étouffant. On suffoque pendant que les guitares doomesques s’étalent dans notre espace auditif. La batterie nous assomme d’emblée, elle nous cogne au sol. à peine le premier morceau entamé, on se retrouve déjà à terre, en pleine détresse respiratoire à laisser l’EP nous avaler.

L’EP est construit autour de riffs graves et lents, dans lesquels chaque note apporte un peu plus de poids à l’ambiance. Cette lourdeur est parfois nuancée par des riffs plus véloces et hargneux : nous voilà brusqués. Le groupe étant un duo guitare-batterie, ces deux instruments s’articulent parfaitement pour former un ensemble sombre et dense.

Chaque composition exprime un tourment et la musique est arrangée de manière à mieux nous le conter. « Hell » est une lente escalade : la guitare émerge au milieu de dissonances bruitistes, elle est peu à peu soutenue par la batterie, puis la voix s’élève pour hurler le plus viscéral des tourments, la peur. C’est la colère brute, un des sept péchés capitaux, qui ressort sur « Red State » où le chant agressif vient clairement titiller les influences hardcore du duo. Le groupe enchaine sur « Playrole », exutoire dans un premier temps, mais dont l’élan est finalement rompu pour laisser l’inquiétude reprendre le dessus. Des morceaux plus lents, plus graves, semblent évoquer le doute. Notamment « Us », solennel et pesant, qui sonne comme une invocation avec le chant qui prend un aspect quasi-religieux épaulé uniquement par une guitare distordue, dégoulinant allégrement dans notre stéréo. « Wild » conclut l’EP sur un dernier chaos, tuant un bref moment d’espoir, avant de s’étouffer dans le raffut de l’ampli crachant ses derniers sons comme un pendu éructant ses derniers grognements.

What’s Hidden Devours est également un EP sur lequel les Brusque ont invité leurs potes. à noter tout particulièrement les apparitions au chant d’Elliot Selwood de PURRS et Morgane Maya Félix de MEMORIES OF A DEAD MAN sur « Playrole », accentuant avec beaucoup de réussite l’aspect cathartique du morceau.

L’EP s’ouvre et se ferme dans une cacophonie de sustain, comme s’il naissait du bruit permanent que constituent nos angoisses. à croire que ces idées noires reviendront inévitablement.