Dimanche 26 mai, Petit Bain accueillait la troisième édition du Post in Paris, le festival par et pour des amoureux de Post-plein-de-bonnes-choses. Des bonnes choses, et des bonnes choses variées. Pour secouer la tête ou pour planer mélancoliquement, chacun pouvait trouver son bonheur à Petit Bain.
A l’occasion de sa première édition dans cette salle (les deux premières éditions ont eu lieu au Bus Palladium), le festival s’est offert le luxe de deux scènes : l’habituelle scène en cale de Petit Bain, et une de plus sur le pont, qui, par contrainte techniques du genre absence de batterie, a forcé les groupes qui y jouaient à proposer des sets retravaillés. Déjà un petit quelque chose d’exclusif !
Dans la flopée de groupes très bons que nous a servi le festival, on a sélectionné quelques lives qui nous ont particulièrement plu.
Broken Cash Machine (Math Rock) :
Il fallait venir tôt au Post. Broken Cash Machine était chargé d’ouvrir. La formation parisienne a distillé un math-rock alléchant. Riffs de guitares réjouissants qui mettent du baume au coeur, le cajole délicatement. On s’envole, on se laisse prendre. Mélodique et captivant, les morceaux sont variés et plein de relief.
Un set énergique et maîtrisé, qui alterne avec brio entre son clair et distordu à la sauce moderne. On a vraiment été pris par le set des casseurs de distributeurs automatiques de billets, qui s’est avéré être une des très très bonnes surprises de la journée.
Hex (Psyché Post Rock) :
A la suite du concert de Hex, un regret : on ne peut pas (encore) écouter d’enregistrement.
Regret car le groupe nous a totalement emmené dans son univers très personnel, lent, froid, plein de questionnements sans réponses.
Hypnotique, Hex pose une ambiance introspective, incarnée par une guitare lente et sinueuse et des claviers qui enveloppent le tout d’un aspect mystérieux. Mais l’intérêt réside dans le développement de cette ambiance, qui progresse lentement, portée par un jeu de batterie saisissant qui semble être le roc sur lequel s’appuie les morceaux du groupe. Et finalement, dans un ultime souffle, c’est le coup fatal. Le questionnement devient frustration, colère, incompréhension. Une vague complètement doom et psychédélique nous emporte, avec des riffs à la fois puissants, tristes et envoûtants. Parce que finalement, au questionnement devait succéder le tourment.
Un tour de force musical, pour un concert qui se transforme en une réelle expérience sensorielle. Vivement le Bandcamp.
The Random Monsters (Post Rock) :
Pour ce premier concert sur le pont de la journée, les Random Monsters avaient préparé un set ambient, sans batterie mais avec quantités de pédales, pour nous proposer une réinterprétation de leurs morceaux. Privés de leurs repères habituels, les membres du groupe ont livré une prestation des plus spontanée. Le chant, plus présent qu’à l’accoutumée, se pose sur les nappes de reverb pour un effet intimiste et sensible. Les musiciens se cherchent, s’observent, se répondent. Une interaction qui se ressent dans l’auditoire, et nous fait véritablement rentrer dedans.
Finalement les Random Monsters se sont peut être fait peur, mais parviennent tout de même à offrir un excellent set.
PISCINE (Math Rock Cocaïné) :
A l’écoute de l’album, on était prévenu : PISCINE allait nous secouer les esgourdes. Pourtant, on a quand même réussi à être surpris, tellement on a été éclaboussé, que dis-je, aspergés, par ce groupe. Avec deux guitaristes et un batteur, les nageurs interprètent un math rock loufoque et stéroïdé. C’est d’une énergie incroyable, on en prend plein la gueule du début à la fin. Impossible de résister et de ne pas sentir son corps s’agiter sous le coup des rythmiques impaires et déchaînées du groupe. Les riffs sont complètement barrés et en même temps totalement accrocheurs. Le public est conquis.
PISCINE, le tsunami de Petit Bain.
Bravery In Battle (Instrumental Post Rock) :
Sur le pont. Après le concert survitaminé de Piscine, c’est à Bravery In Battle de prendre le relais. Egalement un set remanié puisque le second guitariste n’est pas présent. A leur nom, on pourrait s’imaginer quelque chose d’énergique et saturé. Mais dès les premières notes, on se rend bien compte que Bravery In Battle est une formation plus douce.
Et même d’une douceur poignante. Au fur et à mesure du set, on est saisi par la beauté de ces juxtapositions instrumentales – malgré l’absence d’un des membres ils sont tout de même cinq sur scène à en ajouter plusieurs couches – ces mélodies sincères, ces notes justes : celles qui nous font dire finalement, « Ah ouais, la vie c’est beau mine de rien »…
Une magnifique découverte, on avait même un petit pincement au cœur lorsque le set s’est terminé.
VLMV (Ambient) :
Venu directement d’Angleterre, VLMV (prononcé « ALMA », parce que oui sinon c’est galère à prononcer) a proposé un concert délicat et sensible. Une voix douce soutenue par une guitare claire discrète, une ambiance délicatement shoegaze pour soutenir le tout. Une mélancolie incontestable se dégage des morceaux et se propage dans le public. Un ensemble minimaliste et touchant.
Wang Wen (Experimental Post Rock) :
La tête d’affiche du festival nous vient tout droit de Chine. Groupe de post rock qui n’hésite pas à intégrer des instruments que l’on n’a pas l’habitude de voir dans des formations qui se revendique de cette étiquette.
Les Chinois proposent un concert passionnant, plein de rebondissements. Des sonorités inédites qui composent des morceaux originaux, mais dont les mélodies semblent d’une façon assez fascinante très naturelles. Une sorte de bizarrerie qui semble une fois qu’on l’a découverte, qu’elle ne pouvait pas ne pas exister.
Une tête d’affiche à la hauteur du festival et qui semble être une conclusion assez juste des groupes qui les a précédé.
A l’année prochaine le Post In Paris !