Sorti le 11 mai 2018 sur Pink Haze Record, Moody Boots est le premier album des Montréalais depuis 2011. L’occasion pour le groupe de nous proposer 32 minutes haletantes entre dream pop adolescente et post-punk qui tabasse.
For fans of : Sonic youth, Slowdive, Holy Data, Chapterhouse, Scratch Acid
« Mais Emily Deimert, Melissa Di Menna, Julien Bakvis et Markus Lake semblent trop contraints par l’envie de bien faire. Il manque un iota de laisser-aller, ce petit brin de caractère qui différencie un album chouette d’un super disque. » C’est ainsi que se termine la review de Moody Boots par le Devoir (Premier journal Québecois). Le constat est lapidaire et peut-être même injuste. Oui Silver Dapple ne révolutionne rien, oui on reste en territoire connu, mais Moody Boots n’est pas un disque de rock indépendant de seconde division comme certaines reviews ont pu le laisser entendre.
Pour un disque sorti en indépendant la production est incroyablement réussie, la batterie percute, les lignes de basses ne sont pas perdues dans le mix, les dissonances sont parfaitement maitrisées et la voix ne prend jamais le pas sur le reste. C’est propre sans être étouffant, pour un résultat plus percutant que l’impact de Montréal. Et que dire des compos, inquiétantes tout en restant légères ? C’est cet équilibre parfait qui permet à Moody boots de faire la différence et de ne pas tomber dans la caricature d’une dream pop mielleuse ou d’une no-wave inaudible. Les guitares maintiennent constamment la tension alors que les voix féminines la relâchent, le tout soutenu par une base rythmique solide au possible (Hallo).
Alors certes la formule est un peu toujours la même : soit le couplet est un chouia mélodique pour se diriger vers des refrains tout en dissonance
(Vibration), soit c’est l’inverse (Valley). C’est peut-être cette homogénéité poussée à outrance que l’on peut reprocher à Silver Dapple. Les titres s’enchainent sans nous laisser le temps de respirer, le morceau Tiens ma main faisant office de trop courte interlude. Mais ce souci de cohérence est inhérent à l’exercice auquel le groupe se soumet : proposer un album oscillant entre post-punk fiévreux et pop naïve, court mais efficace.
De toutes les émotions induites par Moody boots c’est l’angoisse qui semble prendre le pas. En témoigne le dernier morceau, Friday Night, qui nous rappelle à notre irrationnelle peur de la solitude avec cette phrase « and now you are all alone and it happens to be Friday night« .
Les Montréalais signent un excellent album, qui plaira autant à votre nièce obsédée par Rachel Goswell, à votre oncle qui trippe encore sur Sonic Youth, et à vos potes qui se remettent toujours pas de leurs concert de Nothing.