Une soirée no wave à Paris ? Enfin ! Elle vient un peu de Paris avec Pale Blue Dot, mais surtout de Russie avec les fabuleux Glintshake. Et on reste dans cette ambiance avec le post-punk des grands Mancies.
Dans leur description, Pale Blue Dot, qui jouent en première partie, affirment œuvrer dans le punk et la no wave. Soit. Si les solos, les mélodies et les lignes de basse, souvent sublimes, nous évoquent plutôt une sorte d’indie/hard rock, la plupart des ambiances no wave de leur musique semblent surtout émaner de leur chanteuse, qui a un charisme indéniable. Les trois derniers morceaux, plus en accord avec la description du groupe, emporteront largement l’adhésion du public.
Vous mesurez moins d’1m85 ? Oubliez l’idée de postuler chez Mancies, même pour faire du triangle. Les quatre grands parisiens, venus dans des costumes plutôt excentriques, nous plongent immédiatement dans une ambiance post-punk des plus intéressantes. Le bassiste a plus de pédales d’effets que le guitariste – c’est bon signe. Et il rappelle un Ian Curtis. Le chanteur, un Adam Driver (et c’est un compliment). La frappe puissante du batteur fait du bien. Leur bande de pote se déchaine dans le public et ça ambiance tout le monde autour d’eux. Mancies en impose pas mal. Surtout lorsqu’on sait qu’ils n’ont … que 300 likes sur Facebook. Une injustice qu’ils devraient rapidement corriger, avec certitude.
Et puis arrivent les russes de Glintshake, tout droit de Saint-Pétersbourg.
« Là-bas, ils sont réputés pour être assez géniaux » me dit-on. Et on le constate vite. Glintshake, c’est de la no wave façon James Chance, dont le portrait est justement affiché sur le poteau au milieu de la salle (le héros de la no wave sera justement de passage au Supersonic, comme noté dans notre agenda parisien !). Menés par la magnifique Katya aux allures de riot grrl, tous les musiciens ont un potentiel déconstructeur-de-musique assez énorme. Le saxophoniste, qui rappelle Chance, psychédélise la scène et la transporte dans des improvisations free jazz particulièrement noisy, ainsi que le guitariste, qui a l’air tout à fait à l’aise sur scène avec son instrument pourtant manié d’une manière peu commune. Dans toute cette confusion harmonique, la section rythmique basse-batterie assure une profonde stabilité et nous transporte loin. Dans une divine extase. Dès le troisième morceau, les bières tombent au sol : les pogos ont déjà envahi l’espace, dans un chaos, avouons-le, assez rare dans les concerts du Supersonic. Glintshake, c’est de la pure no wave. De la bonne. Celle qui, sans nostalgie du passé, parvient à électriser la foule. La rendre folle. Lui offrir, le temps d’une soirée, l’expérience d’une liberté qui n’a d’égale que celle de ces notes qui se sont affranchies de toutes conventions d’harmonies. Quand elle est underground, on peut le dire : vive la Russie