– Silver Dapple, qui a sorti Moody Boots le 11 mai 2018.

2018 est finie. Bientôt la soirée hype du nouvel an, le fameux décompte, et les embrassades narcissiques et hypocrites avec des inconnus … Ah, et il y a aussi les « bonnes résolutions » … Gramsci disait que le nouvel an est une stratégie du capitalisme qui nous fait croire au renouveau soudain pour nous « empêcher de voir que l’histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée » qui seule permettrait de se mobiliser pour changer véritablement.
C’est pourquoi Fort et Viril vous a concocté un « anti-bilan » rempli d’artistes qui n’ont pas attendu le nouvel an pour créer : les 15 meilleurs albums indé sortis en 2018, selon nous, qui vont vous permettre de tenir bon en cette période de grande détresse sociale. Bon courage.

15. Blue Odeur : Hyacinth – 26 novembre 2018 (Modern No-Wave) // Canada.

Véritable bizarrerie du Montréal Anglophone, Blue Odeur rappelle l’ère où le funk et la musique blanche cohabitaient dans le New York du début des 80s. Avec des relents féministes façon Delta 5 et des expérimentations no-wave à la DNA, Blue Odeur plaira aux vieux nostalgiques d’une époque qu’ils n’ont pas connu.

14. Belmont Witch : Belmont Witch – 12 janvier 2018 (« Post-pop-punk ») // France.

A Paris, on ne présente plus Belmont Witch. Leur album éponyme est à leur image, inclassable. On reconnait tout de même par-ci par-là du Sonic Youth et des accents Riot Grrrl, avec une portée surtout poétique, dont on ne peut qu’avoir besoin ces jours-ci.
Une année prolifique pour Belmont Witch, qui n’a sorti rien de moins que trois EP.

Piste favorite : Putes.

13. Montagne : Spring Birds 22 Avril 2018 (Post-Hardcore, Stoner) // France.

« Je m’inquiète de savoir si c’est chez vous qu’il y a quelqu’un qui hurle d’une manière très inquiétante. Merci de votre réponse. A bientôt. »
Faire du hardcore dans sa chambre entouré de voisins … Ca méritait une place ici. Stoner, groovy, nerveux, sombre, puissant. Aussi bon en EP qu’en live.

12. The Soft Moon : Criminal – 2 février 2018 (Post-Pain) // US.

Sans se réinventer, Luis Vasquez continue le travail entamé dans Deeper. Criminal est un coup de langue sur nos plaies ouvertes, un monument de douleur directe, sans retenue. Luis Schopenhauer.

11. Emilie Zoé : The Very Start – 9 novembre 2018 // Suisse.

Album encore tout frais, Emilie Zoé marie un rock indé sombre et déchiré avec de la poésie d’une manière particulièrement bien dosée. Pour un résultat qui évoque … un Spiderland poétique ?!
Des riffs dissonants et originaux à faire chialer un lapin.

Piste favorite : Loner.

10. Oktober Lieber : In Human – 31 octobre 2018 (Dark electro) // France.

Ces deux DJ faussement berlinoises mêlent dark techno et coldwave avec une efficacité qui nous a rapidement enamouraché. « Ecoute le son du marteau » et voyage quelque part dans l’infinie noirceur qui sépare Montreuil et Berlin.

Piste favorite : Her Morphology.

9. Milhouse : Greatest Hits Vol. II – 6 juillet 2018 (Math Rock) // Canada.  

Math rock nerveux d’Ontario, coincé entre Pneu, Polvo et Bart Simpson. Une belle claque rythmique, les amoureux de la pédale loop et du tapping apprécieront.
Live report dispo ici !

8. Anna Von Hausswolff : Dead Magic – 2 mars 2018 (experimental/néoclassique) // Suède.

Mystérieux et ambitieux, Dead Magic continue de hanter nos rêves. Anna inscrit son nom à coté des autres reines du genre (Chelsea Wolf, Julia Holter, Emma Ruth Rundle). Oscillant entre musique d’église, drone, et goth rock, Dead Magic est le tournant de 2018.

7. Nothing : Dance On The Blacktop – 24 août 2018 (Shoegaze) // US

Effectivement arrivés en haut du « blacktop », Nothing a bien failli rater sa place ici. Trop connus. Trop tatoués. Et pourtant…
Parce que cet album a créé la polémique dans notre petit groupe de pote, parce qu’il a monopolisé le sujet de nos conversations pendant un moment ; et aussi parce que Nothing nous a pété les oreilles : les voilà.

Pistes favorites : Zero Day, The Carpenter’s Son, I Hate The Flowers.

6. Bryan’s Magic Tears : 4 AM – 7 décembre 2018 (Slacker rock) // France.

Acheter des sucettes plutôt que de cramer des trottinettes. En pleine crise des Gilets Jaunes à Paris, les Bryan’s sortent un album qui provoque la langueur et la lenteur.
Et avec une chronique élogieuse un peu vénère en prime.

5. Bâton de Joie : Die Nachtwärmer – 24 septembre 2018 (EDM) // Belgique.

Ce projet belge n’a qu’un seul but : nous faire danser et rire. On peut dire que l’objectif est réussi. Idéal pour se réchauffer le cœur, surtout lors des soirées estivales des plus glaciales.

« C’est quoi le concert qui t’a le plus marqué en 2018, les Smashing Pumpkins ?
– Non. FLIC, VIOL, ASSASSIN ! »

4. Francky Goes to Pointe-à-Pitre : Plaisir coupable – 3 avril 2018 (Zouk rock) // France.

Il fait pas beau à Rodez, il fait pas beau en France. Alors on zouke, on écoute Kassav, on écoute Francky Vincent et on écoute le bon rock syncopé de la métropole. Loin d’être un plaisir coupable, Francky goes to Point à Pitre c’est la playlist du Club Med avec une bonne dose de Don Caballero et de rock compliqué. Bon Twerk !

3. SLOW CRUSH : Aurora – 28 septembre 2018 (Shoegaze) // Belgique.

Sûrement le seul groupe de Shoegaze moderne à posséder une rythmique solide et intéressante. Les Belges nous rappellent que la shoegaze ne se limite pas aux guitares.

2. Hangman’s Chair, Banlieue Triste – 9 mars 2018 (Sludge) // France.

Si la réputation stoner de Hangman’s Chair n’était plus à refaire, le groupe a mis tout le monde sur le cul avec Banlieue Triste en s’entourant d’un univers largement issu de la coldwave. Tout le monde est d’accord : avec cet album, Hangman’s Chair s’est vraiment doté d’une identité à part entière.
Donc la chronique était indispensable.

Piste favorite : Sleep Juice.

1. Silver Dapple : Moody Boots – 11 mai 2018 (Dissonant dream pop) // Canada.

Le bon rock dissonant venant du froid. Entre chorus dream pop et couplets plus proches de Sonic Youth, Silver Dapple propose le parfait croisement des genres. Les Montréalais maitrisent parfaitement l’art de la rupture, et présentent une certaine idée de la pop. Ca valait la première position.

par Emmanuel Heis et Pier-Paolo Gault